Zones de basses émissions : un levier pour un air plus sain et une meilleure santé en Belgique
La qualité de l’air reste un enjeu de santé publique majeur en Belgique. Une étude menée par les Mutualités Libres, en collaboration avec la KU Leuven, HEAL, VITO, l’Université de Hasselt et IRCEL, montre que les zones de basses émissions (LEZ) ont un impact réel sur l’amélioration de l’air que nous respirons et, par ricochet, sur notre santé. Le rapport complet a été publié par le magazine scientifique Environnement International.
14 mai 2025

La pollution de l’air reste un défi
Parmi les 2,3 millions de membres des Mutualités Libres (Partenamut, Helan et Freie Krankenkasse), seul 1,5 % vivent dans un quartier où les concentrations de particules fines (PM2.5) respectent les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), soit un maximum de 5 µg/m³. Cette pollution, incluant également le dioxyde d’azote (NO₂) et l’ozone, continue de produire des effets durables sur la santé physique et mentale, en particulier chez les populations vulnérables.
Des résultats concrets à Bruxelles et Anvers
L’étude s’est penchée sur l’impact des LEZ à Bruxelles, Anvers et Gand. À Bruxelles et Anvers, pionnières dans la mise en œuvre de ces zones (respectivement en 2018 et 2017), les résultats sont particulièrement marquants :
- À Anvers, le NO₂ est passé de 34,94 µg/m³ (2016) à 24,46 µg/m³ (2022), soit une baisse de 30 %.
- À Bruxelles, la baisse de NO₂ atteint 37 %, avec des niveaux passant de 29,44 µg/m³ à 18,53 µg/m³ entre 2017 et 2022.
Ces améliorations dépassent les frontières des LEZ, avec des bénéfices constatés jusqu’à 5 km autour des LEZ. Quant à Gand, la LEZ étant trop récente, il est trop tôt pour tirer des conclusions.

Un impact plus marqué dans les quartiers défavorisés
Les quartiers les moins favorisés de Bruxelles sont ceux qui subissent le plus lourdement la pollution de l'air. Mais la zone de basses émissions (LEZ) a entraîné une diminution plus rapide de la pollution (suie et dioxyde d’azote) dans ces quartiers. Ces résultats soulignent le rôle des politiques environnementales dans la réduction des inégalités sociales de santé.
À Bruxelles, entre 2017 et 2022, ces zones ont enregistré :
- une baisse de la concentration de black carbon (suie) de 0,76 µg/m³ dans les quartiers les moins favorisés, contre 0,54 µg/m³ dans les quartiers les plus favorisés
- une baisse de la concentration de NO₂ de 11,75 µg/m³ dans les quartiers les moins favorisés, contre 9,60 µg/m³ dans les quartiers les plus favorisés

Des signes encourageants sur la santé publique
L’étude observe également une baisse de la consommation de médicaments contre le diabète dans les villes concernées par les LEZ. Si ces données demandent à être approfondies, elles ouvrent la voie à une meilleure compréhension des bénéfices de ces mesures sur la santé.
Les effets de la pollution de l’air sont connus et bien documentés : maladies respiratoires, troubles cardiovasculaires, AVC, cancers, troubles neurologiques, naissances prématurées... mais aussi des liens croissants avec le diabète, l’obésité et la démence (Ηow air pollution affects our health, European Environment Agency, 3 December 2024).
Une opportunité dans le contexte européen
Depuis décembre 2024, la nouvelle directive européenne sur la qualité de l’air (2024/2881) impose des seuils plus stricts à l’horizon 2030 : 10 µg/m³ pour les PM2.5 et 20 µg/m³ pour le NO₂. Les LEZ représentent un outil clé pour atteindre ces objectifs ambitieux.
Mais pour y parvenir, un engagement politique fort et une mobilisation citoyenne sont nécessaires. Car améliorer la qualité de l’air, c’est aussi investir dans une société plus équitable et en meilleure santé.